Vous souhaitez mesure objectivement la situation financière de votre entreprise ? Des normes existent et elles ne sont pas si nombreuses ni si difficiles à appliquer. Si vous savez compter et calculer, avec un peu de logique, vous pourrez interpréter la comptabilité, le bilan comptable et le compte de résultat de n’importe quelle société.
Les spécialistes de l’évaluation des bilans comptables et des comptes de résultat correspondant se servent de quelques formules (dans le jargon de la finance d’entreprise, on parle de ratio).
Les ratios financiers ne sont pas compliqués à calculer
Comme précisé en tête d’article, l’analyse financière se base sur des normes ; on calcule l’évolution de quelques ratios dans le temps pour vérifier la stabilité d’un modèle économique d’entreprise ou, au contraire, s’interroger sur la signification de certains changements, au fil du temps.
Quelles données pour ausculter la santé d’une entreprise ?
Concernant les données utiles, l’analyse des risques et opportunités que présentent une entreprise nécessite de disposer d’un historique de données (situations comptables successives, liasses fiscales consécutives, procès-verbaux d’assemblée des actionnaires et/ou rapports des commissaires aux comptes ou autres experts).
Pas de synthèse sans données de masses fiables
Avant de se lancer dans le calcul systématique des ratios financiers, assurez-vous de la cohérence des données dont vous disposez. Les situations successives qui sont disponible ont-elles été réalisées à méthode et à périmètre constant ? Si ce n’est pas le cas, vous devrez prendre en compte ces changements avant d’interpréter les résultats de vos calculs. Si vous n’étiez pas dans l’entreprise au moment de ces changements, un entretien avec les personnes qui les ont décidés est utile pour se faire une idée de l’impact de ces modifications sur le modèle économique de l’entreprise, dont vous trouverez la traduction chiffrée dans les états financiers.
Quels indicateurs financiers calculer ?
Pour l’instant nous sommes contentés de décrire la logique de questionnement et de curiosité qui s’impose à toute personne souhaitant évaluer une entreprise commerciale. Il y a pléthore d’indicateurs et ratios. Un indicateur seul ne veut rien dire. Vos conclusions se feront sur la base d’un faisceau cohérent de constats, à partir des différents ratios étudiés. Vous trouverez dans plusieurs de mes publications de quoi vous documenter sur l’analyse de la rentabilité, de la solidité et de capacité d’une entreprise à générer du cash, voire à calculer la somme dont elle doit disposer pour fonctionner normalement.
Pourquoi lire prioritairement les états financiers ?
Le bilan et le compte de résultat sont la traduction en euros de tous les évènements survenus dans une société pendant une année. La liasse fiscale et le tableau de trésorerie comprennent tout ce qui est nécessaire à l’analyste financier, afin de se faire une idée objective de la pérennité d’une entreprise, soit sa capacité à se maintenir voire à se développer. La lecture de la liasse fiscale et le calcul des ratios financiers seront le point de départ du questionnement qui permettra à l’analyste de se forger une opinion. La comptabilité et les états financiers qui en sont la synthèse sont régis par la Loi. Toutes les entreprises établissent leurs comptes selon les normes du Plan Comptable Général. Ce caractère normatif garanti l’équité et permet de comparer les entreprises par rapport à leurs performances précédentes, mais aussi de les comparer entre-elles.
Si vous vous intéressez aux entreprises d’un secteur d’activité déterminé, il vous sera possible de situer une entreprise par rapport à la norme des ratios financiers propres à cette activité.
Ratio de rentabilité ou résultat net
Toutes les données utiles à l’étude de la marge nette figurent dans le compte de résultat. Lorsqu’un bénéfice est dégagé, après avoir imputé sur le chiffre d’affaires l’ensemble des charges exposées pour servir les clients à l’origine des ventes, l’activité de la période est rentable.
On calcule le ratio de rentabilité en établissant le pourcentage obtenu par division du résultat net par le chiffre d’affaires de la période. Ne confondez pas la rentabilité nette avec la marge brute, qui s’obtient en établissant le rapport entre les seules charges variables et le chiffre d’affaires. Contrairement à la marge nette développée ci-dessus, le calcul de la marge brute ne peut pas être réalisé sur la seule base des états comptables légaux. En effet, le compte de résultat, dans sa forme légale, classe les charges déductibles du chiffre d’affaires selon leur nature. Il faut donc se référer à une comptabilité analytique, dont la tenue est facultative, pour pouvoir approcher la marge brute (voir les notions de seuil de rentabilité et de point mort).
Ratio de rentabilité des fonds propres ou rentabilité financière
Les ressources financières utiles à l’activité de toutes les entreprises proviennent soit de la mise des actionnaires qui y ont investi de l’argent, soit de l’endettement, quand l’entreprise a su convaincre des tiers de lui prêter de l’argent-ressource. L’argent risqué par les propriétaires de l’entreprise, soit les fonds propres (ou capitaux propres) mérite rémunération, comme n’importe quel autre placement financier. Le rendement des capitaux propres, dont le montant apparaît au Passif du bilan comptable est positif quand le rapport entre le résultat net, évoqué plus haut et ces capitaux propres débouche sur un pourcentage positif. Dans le cas contraire, l’entreprise est en perte. Dans une logique strictement financière, un investisseur comparera le ratio de rentabilité des fonds propres d’une entreprise avec le taux d’intérêt promis par d’autres possibilités de placement, avant de choisir où il va risquer son argent, dans l’espoir de le faire fructifier.
C’est le moment d’expliquer pourquoi les taux d’intérêts sont maintenus à bas niveau, par les banques centrales : quand les taux d’intérêts servis par les établissements de crédit sont élevés, les investisseurs préfèrent placer leur bas de laine dans des produits d’épargne proposés par les banques plutôt que de prendre des risques entrepreneuriaux : L’argent investi dans les entreprises commerciales peut-être perdu en cas de pertes d’exploitation et la simple prudence impose de choisir en fonction d’un rapport « niveau de risque » / « rendement espéré ».
L’étude du niveau d’endettement
Comme expliqué dans la section précédente, si les ressources financières fournies par les propriétaires de l’entreprise ne suffisent pas pour procurer à l’entreprise les ressources nécessaires pour mener à bien ses opérations, une seule solution s’offre à elle : convaincre des tiers de lui faire crédit. Les banquiers et les fournisseurs vont être les principaux créanciers de l’entreprise avec lesquels un crédit peut être négocié.
L’indépendance des propriétaires de l’entreprise
Les actionnaires de l’entreprise sont d’autant plus maîtres des décisions qui se prennent dans la société quand leurs propres apports forment la plus grosse part des ressources financières que l’entreprise peut investir sur du long terme. Par une extension malheureuse de langage, les financiers parlent de « Capitaux Permanents » pour désigner l’argent disponible à long terme ; le terme « Permanent » est excessif car dans la vie, tout à une fin.
Le ratio d’indépendance financière, qui permet la mesure l'importance de l'endettement à long terme de l'entreprise, s’obtient par la simple division des capitaux propres de l'entreprise par ses capitaux permanents. Je souhaite attirer votre attention sur le fait que si endettement élevé indique que l’entreprise va devoir servir des intérêts aux prêteurs, ce qui grèvera sa rentabilité nette, le fait que des tiers, souvent des banquiers, s’engagent dans un prêt à long terme veut dire qu’ils affichent leur confiance dans l’avenir de l’entreprise qu’ils aident.
La capacité de remboursement
La capacité de remboursement dépend naturellement de la capacité de l’entreprise à générer du profit grâce au levier de l’emprunt. Par convention statistique, le modèle du ratio de capacité de remboursement se calcule en divisant le montant de la dette globale née de l’endettement stratégique par l’excédent brut d’exploitation annuel prévu. En pratique, la capacité de remboursement indique le nombre d’années de bénéfices attendus qui seront absorbés rien que par le remboursement des emprunts à long terme, donc sans pouvoir servir à rémunérer les actionnaires ou payer des dettes d’exploitation.
Ce ratio est, à mes yeux, assez subjectif car il est basé sur des projections, pour ce qui concerne le dénominateur de la fraction.
L’Etude de solvabilité
En général, la solvabilité d’une société est acquise lorsque la vente de la totalité de son patrimoine pourrait lui permettre de solder rapidement toutes les dettes inscrites au Passif du bilan.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la solvabilité représente la capacité d’une personne (morale ou physique) à rembourser tous ses créanciers par la vente de son patrimoine et/ou par les liquidités disponibles. Dans le cas contraire, la société pourrait être en situation de cessation de paiement, si tous ses créanciers se pressaient pour récupérer leur dû. Pour ma part, je préfère l’étude des « liquidités » à celle de la solvabilité, un peu trop théorique car il est rare, hors dissolution de la société, que le remboursement immédiat et simultané de toutes les dettes soit exigé.
Les ratios de liquidité
La liquidité, c’est la capacité de l'entreprise à honorer ses engagements à court terme (dettes arrivées à échéance) au moyen de ses actifs disponibles et facilement réalisables. Ce ratio dit de « bas de bilan » intéresse plus particulièrement les créanciers à court terme de l'entreprise (fournisseurs, états, etc.). Le ratio de liquidité générale se calcule en divisant l'actif à court terme (les stocks, les créances clients et les disponibilités) par le passif à court terme (dettes fournisseurs, endettement moins d'un an, etc). Outre un pourcentage, le calcul du Besoin en Fonds de Roulement, du Fonds de Roulement et de la Trésorerie nette peut aider l’entreprise à chiffrer en euro l’argent disponible ou à obtenir pour que la trésorerie de l’entreprise suffise au fonctionnement normal des affaires.
Quels ratios financiers retenir ?
De nombreuses formules d'analyse financière sont référencées pour évaluer la situation financière d'une entreprise. Notre recommandation est de choisir ceux qui font le plus sens en fonction des spécificités d’une société, puis de les calculer régulièrement pour établir une tendance globale.
0 comments:
Post a Comment