Thierry Goemans explique ce que chacun de nous peut tirer comme enseignements de sagesse après avoir compris la mécanique des crises financières du 21ème siècle; la globalisation de l'économie a fragilisé le système économique mondial et les établissements de crédit, entrainant par exemple la faillite de la banque Lehman Brothers, en 2008. Avec ces enseignements, vous pourrez adopter une stragégie pour limiter d'exposer votre argent, en cette période de déclin du libéralisme économique.
Cette vidéo fait suite à une première séquence "Comment se produisent les crises du XXIe siècle" que nous vous recommandons de regarder avant celle-ci :
Dans la vidéo précédente, je vous ai décrit le phénomène d’une crise économique classique à l’heure de la mondialisation, en décrivant l’effet boule de neige du ralentissement économique sur les finances des familles, des entreprises et jusqu’à la faillite établissements de crédit.
Dans la première partie de ce récit, une banque fait faillite après qu’un grand nombre de ses clients ont perdu leur emploi, parce que l’activité des entreprises faiblit. Tout va donc à vaut l’eau.
Voici ce qu’il faut en tirer comme enseignements :
Premier enseignement : déterminer le prix de vente d’un bien en fonction de ce que l’acheteur a les moyens de payer plutôt que de le lui vendre avec une marge bénéficiaire juste raisonnable, revient à une tromperie, si la vente se fait pour un prix de marché exagéré par rapport à la valeur réelle du bien.
Celui qui achète trop cher, un bien ou un service, achète, ce que les économistes appellent une bulle. Celle-ci va leur exploser au visage dès qu’ils voudront revendre le bien : sauf à tromper de nouveau un acheteur trop crédule, la perte à la revente, quand un marché s’écroule, est d’autant plus importante quand le bien a été surcoté lors de l’achat.
Dans cette logique, la banque Lehman Brothers (mais ce système était généralisé à de nombreux établissements de crédit), s’est montrée complice du promoteur qui avait facturé ses maisons au prix fort aux ouvriers. Si le prix de vente initial des maisons avait été moindre, la banque aurait prêté moins d’argent, donc fait moins de bénéfices. Mais elle aurait été aussi exposée à moins de pertes si elle avait d’abord mieux évalué le potentiel de revente des maisons qu’elle prenait en garantie de l’argent prêté à ses clients devenu déficients.
Outre l’évaluation de la qualité des garanties données par les emprunteurs, toute personne spéculant sur l’argent, donc le banquier en premier lieu, a intérêt à diversifier le profil de ses emprunteurs et de ses prêteurs. C’est du bon sens : il s’agit de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Second enseignement : les banques font négoce de l’argent. Dès lors qu’elles en prêtent de trop par rapport aux réserves d’argent dont elles disposent (ce que les énomistes appellent une opération à découvert), elles risquent de devenir, à leur tour, insolvables, faute d'avoir prévu leur autonomie financière.
Dans l’histoire, inspirée de faits réels, que je vous ai racontée, le banquier ne détenait en fonds propres qu’un euro sur 30 qu’il prêtait. 1 sur 30 ! Cela veut dire qu’il avait lui-même emprunté les 29 autres. Pas étonnant qu’il n’ait pas su faire face à la demande importante et imprévue de remboursement liée au « bank run » créé par la survenue imprévue d’un chômage massif dans la population.
Troisième enseignement : les subprime. Pour emprunter l’argent nécessaire à son commerce sur les marchés financiers, « notre banque » avait donné en garantie, les actifs qu’elle détenait sous forme de créance envers les ouvriers, qui eux-mêmes lui donnaient en garantie l’hypothèque de leur maison. Les garanties étant surévaluées et le risque de non-remboursement sous-estimé tout au long du circuit de l’argent, chaque maillon de la chaîne de financement court, sans le savoir, un risque lié à sa méconnaissance des autres contributeurs du cycle de l’argent. Le pêché, ici se nomme : manque de transparence financière.
Attirés par l'opportunité d'accéder à bon compte à la propriété, les uns n'avaient pas lu toutes les clauses du contrat qui les engageaient et les autres avaient construit une bombe à retardement ou plutôt un cheval de Troye en spéculant à tort sur une croissance dynamique de l'économie. Soucieux de maximiser rapidement leurs profits, les établissements de crédits entretenaient alors un état d'esprit selon lequel le libéralisme économique était la martingale universelle contre le retour d'une période de crise économique.
On en est venu à parler d’emprunts surévalués ou « subprime », en anglais, lorsque des établissements de crédit ont accepté de prêter un argent dont ils ne connaissaient pas bien l’origine à des gens qui ne comprenaient pas bien les risques liés à ce type d'endettement. Pressés par la nécessité de disposer de cash, pour faire leur commerce, des banques ont acheté parfois « un chat dans un sac », c’est-à-dire sans pouvoir évaluer la qualité de l’argent qu’elles vendaient à leurs clients, contre intérêts.
C’est un peu comme si un commerçant vendait, sans garantie et à prix d’or un produit de qualité médiocre. Une fois rentré chez lui, l’acheteur trompé est sans recours.
La crise est devenue mondiale quand de nombreux établissements financiers, dans toutes les places financières du monde, et dont certaines banques très réputées, ont dû admettre qu’elles avaient consenti des prêts trop risqués.
La perception du risque réel, par les analystes financiers (pour notre exemple, le chômage et la surévaluation initiale des maisons), est altérée par la mondialisation de la finance. L’argent circule désormais d’un bout à l’autre du monde d’un simple clic réalisé dans les bureaux des établissements de crédit par des banquiers souvent très éloignés des risques réels et concrets auxquels ils exposent leurs investissements.
Il semble aller de soi que les lacunes dans la mesure et l’anticipation des risques de crash économique trouvent (pour partie) leur origine dans la dématérialisation des transactions financières et dans l’éloignement qui rend possible une multiplication parfois déraisonnable du nombre d’intermédiaires impliqués dans la chaîne de financement de projets.
Vous l’avez deviné, la mondialisation de la finance présente des avantages certains en matière de diversification des risques, à qui se préoccupe d'économie responsable et durable.
Mais les adeptes de la financiarisation de l’économie, aussi avides de profits immédiats que peu soucieux de créer localement et durablement de la valeur, l’ont compris aussi. Il leur est facile de sauter virtuellement d’un continent à l’autre, dans une pratique du commerce détachée de la vision des problématiques de développement durable.
J’espère que ces deux vidéos vous ont permis de vous situer par rapport à la logique économique qui vaut partout et pour tous. Si vous voulez approfondir vos réflexions et comprendre la manière dont les entreprises rendent compte de leur santé financière, je vous propose le cours en ligne « Lire un bilan comptable comme un as de la finance », vous verrez, il est très accessible.
0 comments:
Post a Comment