En tant que travailleur non-salarié, j'afficherai, le 5 décembre 2019, ma solidarité avec les grévistes. Plus que sur le fonds, c'est sur la forme que j'entends manifester mon désaccord. Le Président de la République promettait, avant tout, de faire de la politique autrement que ses prédécesseurs. Il se trouve, in fine, confronté aux mêmes difficultés que celles rencontrées par les anciens présidents, de droite comme de gauche, mais avec la chienlit en plus. Je ne me retrouve pas dans les manières de M. Macron. Cepedant, et c'est l'essentiel de ce message : j'exprimerai, le 5 décembre, ma réprobation et, le 6 décembre, je serai au travail. Je n'ai jamais aimé avoir à me répéter.
Un désastre pour le porte-monnaie des français
Quel homme serais-je, si je facturais, malgré tout, les clients, qui m'ont fait faux bond en dernière minute la semaine dernière, parce que leur train a été supprimé ? Ces gens, motivés, étaient debouts à 5h00 pour venir travailler avec moi. D'autres personnes ont décidé, sans préavis, de les immobiliser. Ces prestations-là sont perdues, les frais qui y étaient liés (location de salle, etc) resteront à ma charge. A ce manque à gagner, vient s'ajouter le chiffre des annulations de commandes réalisées, par prudence, par des entreprises qui craignent à juste titre de programmer des déplacements pendant ce mois décembre.
Variable d'ajustement de modèles d'affaires en quête de flexibilité (indépendant = pas de référence au droit du travail), ceux qui ont créé leur propre job sont, pour une bonne part d'entre-eux, économiquement fragiles : leurs charges à payer demeurent quand ils ne travaillent pas et le prix des prestations qu'ils facturent est souvent imposés par le cahier des charges de leurs clients.
Pour ma part, les mouvements sociaux engendreront une contraction de 10% de mes ventes de 2019. A l'échelle d'une famille moyenne, ce chiffre est considérable. J'ai la chance d'être plus fourmi que cigale et chacun sait que je suis enrobé d'un petit matelas ;)
Et les salauds de patrons ?
Les employeurs, parfois des grandes entreprises, mais, on ne le dit pas assez, souvent des dirigeants de TPE ou PME, ont des contraintes similaires à celles des travailleurs indépendants. A ceci près que les affaires manquées chez eux, ont un effet boule de neige beaucoup plus pervers que chez les travailleurs solo. En effet, dans les entreprises plus structurées, les charges fixes sont souvent plus importantes. De sucroît, les investissements dans l'outil de production ont souvent généré de l'endettement.
Une TPE/PME pourvoyeuse d'emploi peut être mortellement affectée.
Pour une TPE/PME, les affaires perdues pèsent davantage encore sur la trésorerie nécessaire pour payer les charges d'exploitation (dont les salaires) et les charges financières que dans l'entreprise unipersonnelle; car dans l'entreprise qui accepte la responsabilité sociale d'employeur, il y a souvent un décalage entre le cycle de vente et le cycle de trésorerie. J'explique : si le travailleur solo voit les conséquences d'une baisse d'activité sur son compte bancaire dès la fin du mois, une structure plus importante qui sera gérée avec prudence va disposer d'un fonds de trésorerie lui permettant d'absorber une difficulté passagère.
Ainsi, les personnes qui bloqueront aujourd'hui, au-delà du raisonnable, l'activité des employeurs ne seront pas confrontées de suite aux conséquences de l'appauvrissement subi par l'entreprise, qui va commencer par manger ses réserves, tant qu'il y en a. Elles ne feront pas davantage le rapprochement, quelques mois plus tard, entre leurs agissements passés et la restructuration, voire la mise en redressement judiciaire de TPE/PME qui, déjà fragilisées par la conjoncture économique, sont achevée par le blocus économique lié à une grève longue. On peu donc affirmer que les travailleurs qui disent faire durer la grève au bénéfice de ceux qui ne peuvent pas la faire scient la branche sur laquelle reposent ceux pour qui ils prétendre se battre.
En conclusion : mon entreprise est citoyenne mais je n'attends pas tout des pouvoirs publics
A la dernière élection présidentielle, "on allait voir, ce qu'on allait voir". L'éxécutif allait proposer une nouvelle manière de faire de la politique. Pour ma part, je constate que la politique gouvernementale crée autant d'incertitude que par le passé mais, en plus, de l'angoisse. En féru de macro-économie, je remarque que les recettes de TVA de l'état ont sévèrement reculé en 2018 (la baisse de recette de cet impôt à la consommation signifie une baisse de la consommation, donc du pouvoir d'achat); pendant ce même temps, le trou de la sécurité sociale est passé à 5 milliards (2Mds en 2017) et le déficit public à 93 milliards contre 76Mds en 2017.
En conséquence, comme citoyen, je manifesterai, le 5 décembre, mon mécontentement. En revanche, comme entrepreneur et comme agent économique, mon rôle est de maintenir mon entreprise à flots contre vents et marées : je n'attends pas tout des pouvoirs publics. Aussi, je me remettrai au travail, dès le 6 décembre, avec joie et entrain, et j'espère bien que mon professionalisme ne subira aucune entrave.
0 comments:
Post a Comment