La robotique industrielle avait démarré avec tambours et trompettes au début des années 80. Ce qui aurait pu (dû) être un soulagement pour les femmes et les hommes au travail s'avéra n'être qu'une nouvelle course sans concession pour l'accroissement des profits. Qu'en sera-t-il demain avec l'essor de l'Intelligence Artificielle et du Big Data ?
Et si on mettait les robots au service de l'humain ?
...Plutôt qu'au service du profit ?L'usine sans hommes est possible...
Au début des années 80, l'industrie avait trouvé le filon pour accéder enfin à l'usine sans hommes : les robots.
Ainsi l'industrie automobile, en Europe et surtout en France, équipait les chaînes de montage de robots de soudage, de robots de peinture et autres manipulateurs.
Dans un premier temps. La robotisation était bien partie. Il semblait qu'un jour assez proche, l'ensemble du montage d'une voiture pourrait être entièrement automatisé.
Un rêve de patron ?...
Des usines qui tournent en 24/24, pas de week-end, pas de vacances, pas de 5ème semaine, pas de 35 heures, pas de grève, pas de revendication salariale. Le profit, que le profit, rien que le profit... Un vrai rêve de patron quoi !...ou un choix de société ?...
Mais on l'oublie un peu vite, c'est aussi un vrai rêve d'ouvrier. Il faut avoir connu et vu travailler des hommes et des femmes dans des usines de production, confrontés à la pénibilité physique, le bruit permanent, la crasse, les troubles de santé et le manque de reconnaissance, pour comprendre que l'avenir de l'humanité est quand même ailleurs.
Encore aujourd'hui, peu d'ouvriers profitent de leur retraite. Sans aborder le thème sans fin des entreprises qui méprisent les règles d'hygiène et de sécurité et se jouent des inspections sanitaires et sociales en pratiquant le chantage à l'emploi, il faut le dire, oui le travail peut-être pénible voire très pénible au contraire de ce qu'a pu affirmer un ministre de l'eco devenu entre temps président de la république.
Et si les robots nous libéraient des emplois pénibles et fastidieux?
C'était d'ailleurs dans cet esprit que j'avais à l'époque (au début des années 80) choisi de m'orienter vers l'automatisation et la robotique. A mon avis, il était tout à fait possible d'automatiser les travaux pénibles afin de dynamiser les métiers les plus intéressants et de diminuer drastiquement le temps de travail pour tous.
Une utopie ? Je ne le pense pas. La seule condition passe par une juste répartition des gains de productivité.
Il est vrai que, 30 ans plus tard, malheureusement on n'a pas encore atteint ce stade d'évolution de la société ! Et ce ne sont pas les volontés de détruire le code du travail, unique garde-fou contre les patrons voyous, qui permettra d'avancer vers une plus grande humanité.
A ce sujet, lire ou relire ce livre de référence : "Travailler deux heures par jour du collectif Adret" Et puis aussi voir, revoir et "rerevoir" l'excellentissime "A nous la liberté" de René Clair. Sorti en 1931, un film précurseur des "Temps Modernes de Chaplin", avec un final plus heureux, les usines fonctionnent seules et les ouvrier ont tout loisir de profiter de la vie et d'aller à la pêche...Voir ci-dessous une critique plus complète
Les robots étaient peu flexibles...
En tout cas, la robotisation n'a pas su répondre aux évolutions du marché. Délicats à programmer, difficiles à adapter, fragiles et coûteux, les premières générations étaient essentiellement orientées production en grande série.
Anecdote vécue : Je me souviens des lignes de soudage de la BX (1982) chez Citroën Rennes. Tous les postes n'étaient pas encore robotisés. Et des hommes devaient ainsi partager le travail avec les robots. Pas mal pour l'égo ! Cela dit, la plupart de ces ouvriers faisaient deux journées en une : la ferme et l'usine. Tant que le salaire tombait...
Lorsque le marché s'est mis en tête d'exiger une flexibilité de tous les instants, ce n'était plus aussi simple. Les robots étaient prévus pour un travail répétitif. Les robots sont aussi des machines capricieuses et fragiles. Souvent en panne et difficiles à régler, ils exigent un personnel de maintenance de pointe.
...Et il faut le dire, les robots étaient particulièrement crétins...
Je me souviens ainsi d'un robot poseur de vitres sur une chaîne de montage chez Volvo Belgique qui, systématiquement, essayait de fixer une vitre arrière de berline sur les breaks... Je ne vous dis pas la casse. Des jours entiers cela a duré. C'était l'attraction du moment. Lorsque un break se présentait au poste, tous ceux qui étaient à proximité attendaient avec impatience et guettaient le robot avec une petite pointe d'excitation.
Allait-il saisir une vitre ? Ouiiiii !!! Et crac !
Pratiquement une fois sur deux il se trompait. Pas très futé non ?
Pourquoi les hommes, toutes positions confondues, prenaient-ils un plaisir à peine dissimulé face à cet obstination dans l'erreur du robot ?
Etait-ce la satisfaction de constater de visu que l'ère des "Terminator" et autres produits de "l'Asimov-mania" n'était pas encore pour aujourd'hui ?
Etait-ce une manière de se venger du mépris ostensiblement affiché par les ingénieurs suédois d'ASEA (qui ne s'appelait pas encore ABB), délégués par la maison mère dans cette usine belge ? Un peu des deux ?
Et notez que je ne vous parle pas des robots monteurs de roues, un véritable casse-tête chinois. Finalement, l'humain n'était pas si mal et bon nombre de robots sont ainsi partis à la casse.
Allait-il saisir une vitre ? Ouiiiii !!! Et crac !
Pratiquement une fois sur deux il se trompait. Pas très futé non ?
Pourquoi les hommes, toutes positions confondues, prenaient-ils un plaisir à peine dissimulé face à cet obstination dans l'erreur du robot ?
Etait-ce la satisfaction de constater de visu que l'ère des "Terminator" et autres produits de "l'Asimov-mania" n'était pas encore pour aujourd'hui ?
Etait-ce une manière de se venger du mépris ostensiblement affiché par les ingénieurs suédois d'ASEA (qui ne s'appelait pas encore ABB), délégués par la maison mère dans cette usine belge ? Un peu des deux ?
Et notez que je ne vous parle pas des robots monteurs de roues, un véritable casse-tête chinois. Finalement, l'humain n'était pas si mal et bon nombre de robots sont ainsi partis à la casse.
Et demain, l'ère de Terminator ?
Alors plus d'avenir pour le déploiement à grande échelle de robots industriels ? Bien sûr que si. Mais il s'agit plus d'une question de choix de société que de techniques proprement dites.
Et pour ceux qui associent humanoïdes et robots, jetez un coup d'oeil aux travaux de David Hanson, doctorant l'University of Texas's Institute for Interactive Arts and Engineering. Il s'est particulièrement intéressé aux muscles du visage. Voir son site web : hansonrobotics.wordpress.com/
Intelligence artificielle et deep learning
La presse généraliste nous promet monts et merveilles avec le renouveau des réseaux de neurones, le deep learning et aussi bien sûr l'essor du Big data. L'intelligence artificielle atteindrait des sommets et le "rêve de patron" est de retour : près de la moitié des métiers du tertiaire devraient disparaître dans les décennies à venir...
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Pour se rassurer et ne pas trop se laisser impressionner par les succès au jeu de Go de Deep Mind de Google, on peut se réjouir des déboires ridicules de "Tay", le "simili humain" lancé par Microsoft sur Twitter. Il n'a suffit que de quelques heures pour que quelques petits futés le transforment en un infect raciste, révisionniste et misogyne...
Ecoutons Yann LeCun, précurseur du Deep Learning : "...Il y a aussi de gros espoirs que certains placent dans ces méthodes, qui ne seront peut-être pas concrétisés. Des gens promettent la Lune, et c'est dangereux pour le domaine." source : Le monde, Comment le « deep learning » révolutionne l'intelligence artificielle
Les robots à notre service, une très vieille idée
"A nous la liberté", un film de René Clair, est sorti en 1931. Avec humour et réalisme, ce film met en exergue l'importance des vraies valeurs un poil épicuriennes que sont l'amitié, la spontanéité, le plaisir du moment, bref la liberté.
"A nous la liberté" Bien avant Deleuze et Foucault, René Clair expose clairement la continuité de l'aliénation de la prison à l'usine, la surveillance, l'enfermement et la punition comme modèle de société.
A l'heure de l'encensement de la valeur travail (1), de la mutation technologique et de la gamelle de la finance, ce film est toujours aussi frais 77 ans après...
(1) Le "travail est la liberté" dit le maître d'école préparant les futurs ouvriers, c'était en 1931 bien avant les camps...
(1) Le "travail est la liberté" dit le maître d'école préparant les futurs ouvriers, c'était en 1931 bien avant les camps...
La "bonne" mécanisation
Et puis, en prime, savourons ce qu'aurait dû être la mécanisation si nous, humains, étions un peu civilisés. Les machines automatiques travaillent seules, la tâche de chacun est réduite à une simple surveillance et les employés-propriétaires ont tout le temps pour pêcher, danser, flirter.... Le temps de vivre quoi !
La polémique
A noter, Chaplin pour "Les temps modernes" fut accusé de plagiat. Pas mal de similitudes il est vrai. Mais il s'agit aussi du même contexte et le déroulement est totalement différent. Retenons plutôt l'hommage rendu, comme le formulait René Clair à l'époque, admirateur de Chaplin et gêné par la polémique. De même on trouvera en écho quelques détails rappelant l'excellentissime Métropolis de Fritz lang de 1927.
Résumé: Deux amis détenus, Émile et Louis, tentent de s'évader. Louis réussit grâce à Emile qui fait diversion. Dehors, Louis se lance dans le commerce de disques puis de phonographes, il devient petit patron puis, son commerce prospérant, se retrouve à la tête d'usines de plus en plus gigantesques.
Émile libéré de prison demeure vagabond, se prélasse au soleil. Un jour il aperçoit la nièce du comptable de l'usine de Louis et tombe amoureux de la jeune fille. Il la suit jusque dans l'usine et, presque malgré lui, est embauché. Les deux anciens amis se retrouvent... Raymond Cordy; Henri Marchand;
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